3 févr. 2010

Hun Sen vainqueur sur tous les tableaux


Depuis la rixe cambo-thaïe qui a ressurgi depuis que Preah Vihear a été classé au patrimoine mondial de l’humanité en juillet 2008 les armées thaïes et cambodgiennes frictionnent régulièrement.

Et pas plus tard que 24 janvier 2010 avec un feu nourri, enfin pas trop car au bout de 10 minutes il n’y avait ni mort, ni blessé. Au passage médiatiquement parlant ce fut une bonne opération par l’armée thaïe dont certains hauts gradés se font chahutés par des Chemises rouges qui leurs reprochent des occupations de terrain pas des plus licites.

Passons.

Hun Sen, l’un des plus vieux premiers ministres en exercice au monde (1985) est un ex Khmer Rouge qui a fuit (avec raison) les purges de l’Angkar en 1977. Réfugié au Vietnam, il revint au Cambodge dans les fourgons de l’armée vietnamienne en 1979. Depuis il est, disons, « l’obligé » d’Hanoi qui ne se gène pas pour le lui rappeler si besoin.

Avec l’affaire de Preah Vihear HS tire sur la fibre nationaliste, enfin, tant qu’il n’y a pas de réels risques d’escalade. Vu l’état des FARC qui disposent de 2000 généraux mais pas d’aviation, Phnom Penh est certaine de se prendre une tannée en cas de conflit un tant soit peu sérieux. Mais vu qu’aucuns des deux partis ne tient a ce que cela dégénère HS s’en donne a cœur joie.

L’accueil à Phnom Penh de Thaksin Shinawatra en tant que conseillé économique a irrité Bangkok mais après avoir rappelé leur ambassadeur c’est l’accalmie entre les deux capitales. De temps à autres HS hausse le ton mais rien de plus. Son « alliance » avec l’ex premier ministre en fuite ne nuit pas aux intérêts d’Hanoi qui en décembre validait 6 milliards de dollars d’investissements au Cambodge. Pour mémoire lorsque la Thaïlande et le Laos eurent de sérieuses escarmouches pour ne pas dire un début de conflit en 1998, Bangkok était X fois plus forte/armée que Vientiane, le seul problème fut que derrière les lignes laos se trouvaient les lignes viets. Bangkok préféra ne pas insister.

Selon l’une de mes sources les communications khmères à Preah Vihear se font en viet. Des communications qui ne peuvent que rappeler a Bangkok que Phnom Penh est soutenu -certains dirons colonisé- par Hanoi.

Et je vois mal Hanoi toléré une intervention thaïlandaise dans son pré carré.

Sur tous les tableaux Hun Sen est gagnant d’un coté la « rixe » renforce ses liens avec Hanoi qui ne peut avoir qu’un œil bienveillant lorsque le Cambodge effarouche les investisseurs thaïlandais. Ce qui laisse le champ libre a…

Et si jamais d’aventure Thaksin revenait aux affaires, il devrait se montrer conciliant envers son « ami éternel ». Dans l’immédiat j’en doute, avant de revenir triomphalement à Bangkok Thaksin doit obtenir le soutien/accord de l’armée. Ce qui ne doit pas être évident à négocier sinon ce serait déjà fait.

Pour l’heure Hun Sen soutien son « ami » et attise la fibre nationaliste sur Preah Vihear alors que son opposition à lui hurle à la mort (au figuré exception faites de rares syndicalistes qui parfois sont victimes de malheureux accidents) au sujet des bornes de marquage à l’Est du territoire cambodgien qui aurait la fâcheuse tendance a reculer.

Là, on n’entend guère Hun Sen et pour cause…

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